garenne

garenne [ garɛn ] n. f.

• XIII^e; lat. médiév. warenna, p.-ê. du germ. wardôn « garder », wâron « garer »

1 ♦ Féod. Réserve de gibier, domaine de chasse réservée.

2 ♦ Bois, étendue boisée où les lapins vivent et se multiplient à l'état sauvage. Terriers d'une garenne. — LAPIN DE GARENNE, et ellipt un garenne (par oppos. à lapin de clapier) . Un garenne en civet. Des garennes.

3 ♦ Pêche Endroit d'une rivière où la pêche est réservée.

● garenne nom féminin (latin médiéval warenna, peut-être du germanique) Lieu boisé ou sablonneux où vivent les lapins à l'état sauvage. Autrefois, réserve de gibier d'un seigneur. ● garenne (expressions) nom féminin (latin médiéval warenna, peut-être du germanique) Lapin de garenne, lapin sauvage vivant dans les garennes. ● garenne nom masculin Lapin de garenne.

garenne

n. f.

d1./d Zone plus ou moins boisée où les lapins sauvages sont abondants.

|| Lapin de garenne: lapin sauvage.

d2./d Réserve de pêche.

⇒GARENNE, subst. fém.

A. — DR. FÉOD., vx. Terrain où les seigneurs se réservaient le droit de chasse et de pêche. Garenne féodale; avoir droit de garenne (Ac. 1835, 1878). Le droit de garenne était l'un des privilèges féodaux (...) supprimés sans indemnité durant la nuit du 4 août 1789 (FÉN. 1970) :

• Ces droits de pigeonnier et de garenne, qui, de nos jours, même abolis, ont laissé un ferment de haine au cœur des paysans. La chasse, (...) c'est l'antique prérogative féodale qui autorisait le seigneur à chasser partout, et qui faisait punir de mort le vilain ayant l'audace de chasser chez lui...

ZOLA, Terre, 1887, p. 78.

B. — P. ext. Endroit clos (garenne forcée ou privée) ou ouvert (garenne libre) où l'on élève des lapins en semi-liberté; tout bois ou toute bruyère où abondent ces animaux. Faire une garenne; bonne, maigre, mauvaise garenne (Ac. 1835, 1878). Garenne naturelle. Le renard (...) préfère la garenne à la basse-cour. C'est un fin braconnier, qui fait moins de tort aux fermiers qu'aux chasseurs (A. FRANCE, Lys rouge, 1894, p. 60).

Lapin de garenne. [P. oppos. à lapin de clapier]. Sous le grillage, un petit lapin de garenne bondissait comme une balle (CHÂTEAUBRIANT, Lourdines, 1911, p. 45). P. ell. garenne, subst. masc. Un garenne lui détala dans les jambes (LE BRETON, Razzia, 1954, p. 192).

♦ P. métaph. Dans la pénombre des garennes apostoliques, (...) on pâturait voluptueusement la moisissure du vieux schisme archidécédé (BLOY, Désesp., 1886, p. 189). La transparente garenne d'étoiles (CLAUDEL, Tête d'Or, 1901, 1^re part., p. 48).

— P. anal. Garenne à poisson. Endroit dans un étang ou une rivière où la pêche est réservée (d'apr. LITTRÉ).

Rem. LITTRÉ, GUÉRIN 1892 et DG enregistrent tabacs en garenne. Tabacs en entrepôt.

REM. Garennier, subst. masc. Personne qui garde une garenne. (Dict. XIX^e et XX^e s. dont Ac.).

Prononc. et Orth. : []. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1160 garanne « étendue de terre (boisée?) » (Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 4559); b) 1486 « bois, étendue boisée où vivent les lapins et se multiplient à l'état sauvage » (Arch. Nord B 7662, pièce 13 : lappin de garende); 1575 lapins de garenne (PARÉ, Œuvres complètes, éd. J.-F. Malgaigne, t. 1, p. 364); 2. a) 2^e quart du XIII^e s. warenne « domaine de chasse réservée » (Grande Charte de Jean sans Terre, f° 84 v° ds DEAF, col. 249); b) 1366 garanne « domaine de pêche réservée » (Doc. ds DU CANGE). Étymol. discutée. Peut-être dér. du gaul. varros « poteau » (attesté dans les noms de pers. gaul., cf. DOTTIN, p. 296, v. aussi a. irl. farr « poteau », irl. farr « id. »); suff. -enna (varenna ayant pu avoir le sens d'« étendue entourée de piquets »; cf. DEAF s.v. garenne, col. 246-247). La forme garenne en serait issue par croisement avec garder (on a en effet des var. du type garende, 1297 ds GDF.) sans qu'il soit nécessaire de supposer ce croisement pour expliquer le g(u)- initial (cf. DEAF, loc. cit. et BALDINGER, p. 102, v. bbg.). Étant un terme jur., garenna est très répandu en lat. médiév. (1086 warenna « réserve de petit gibier » ds LATHAM). Fréq. abs. littér. : 70. Bbg. BALDINGER (K.). Graphie und Etymologie... In : [Mél. Gossen (C. Th.)]. Bern, 1976, p. 95, 97,102. - POHL (J.). La Maison dans les fr. marginaux. Vie Lang. 1969, p. 88.

garenne [gaʀɛn] n. f.

ÉTYM. V. 1283; garanne, v. 1160; du lat. médiéval warenna, p.-ê. du germanique wardôn (→ Garder) ou warôn (→ Garer), ou du gaulois varros « piquet ».

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1 Féod. Réserve de gibier, domaine de chasse réservée. || Le droit de garenne, privilège seigneurial, fut aboli dans la nuit du 4 août 1789.

2 (1486). Cour. Bois, étendue boisée où les lapins vivent et se multiplient à l'état sauvage. ⇒ Friche, varenne. || Garenne couverte de broussailles, de bruyères, de fougères. || Clapier, halots, terriers d'une garenne. || Chasser dans une garenne. (1865). || Garenne forcée; (1690) garenne privée : enclos où l'on élève des lapins en liberté. || Peupler une garenne. || Les propriétaires des garennes sont responsables des dégâts que les lapins peuvent commettre dans les propriétés voisines.

1 (…) on a voulu peupler une garenne avec des lapins clapiers (…)

Buffon, Hist. nat. des animaux, Le lapin, Œ., t. II, p. 549.

2 (…) nous vous ferons tirer un lapin dans la garenne (…)

Flaubert, M^me Bovary, I, III.

♦ Lapin de garenne (→ Clapier, cit. 1 et 2), et, ellipt., un garenne (n. m.). || Des garennes ou des garenne. || Manger un garenne en civet.

3 — Madame, c'est un homme pas beau, qui a deux garenne pendus sous sa blouse (…) Madame veut le voir ?

Colette, l'Étoile Vesper, p. 10.

4 Un garenne surpris détale à travers les fougères d'un galop élastique et mat; sa queue blanche disparaît à l'orée d'un terrier; plus rien (…)

M. Genevoix, Forêt voisine, VI.

3 (1865). Pêche. Endroit d'une rivière où la pêche est réservée.

Encyclopédie Universelle. 2012.